Le sommeil de bébé (ou d’un enfant) fait partie des défis du quotidien pour les parents (et peut-être même pour les enfants eux-mêmes). J’irai même jusqu’à dire qu’il existe une certaine pression à ce sujet chez les bébés ou les enfants quel que soit leur âge. Et oui même les bébés ! Quelle maman n’a jamais eu droit à peine sortie de la maternité, à la question « alors, il fait ses nuits ? » Je vous emmène avec moi pour balayer ces idées reçues qui vous empêchent de vous sentir parfaitement serein(e)s au sujet du sommeil de votre enfant.
En complément, je vous offre cette berceuse :
I. « Mon bébé ne fait pas ses nuits ! »
Nous allons donc commencer par celle-ci ! Et bien en fait, si, il fait SES nuits ! Les siennes… mais peut-être pas les vôtres 😉 . C’est bien cela qui pose problème aux parents. Le rythme et les besoins en sommeil d’un bébé (ou d’un enfant) ne sont pas ceux d’un adulte. Vous rêvez d’un bébé qui dort toute la nuit sans se réveiller ? Je poursuis avec une autre question. Pensez-vous dormir vous-même toute la nuit d’une seule traite ? Négatif. Chaque personne passe par des micro-réveils. Ces derniers sont utilisés par le cerveau, qui vérifie que tout se passe bien. Il s’assure de la sécurité du corps pendant que celui-ci de régénère.
II. « Tu dois donner un rythme à ton bébé dès la sortie de la maternité »
A la naissance, l’horloge biologique de bébé n’est pas mature. Il lui faut au moins 6 semaines pour le faire. Inutile donc d’ «imposer» un rythme. Je ne dis pas que c’est impossible, car certains bébés le font dès les premiers jours. Pour autant, ce n’est pas une généralité. Je dirais même que cela relève de l’exceptionnel. D’ailleurs, beaucoup de parents que j’ai pu accompagner se plaignent de cette irrégularité des débuts. Voici l’explication physiologique. L’horloge biologique de bébé se cale sur 24h. En effet, les données scientifiques s’accordent à dire que dans le ventre de maman, le rythme de bébé est plutôt de 25H. Soyez donc parfaitement rassuré(e)s si vous êtes dans cette situation. Encore un peu de patience et un rythme régulier apparaitra. Et si le sommeil du bébé ou de l’enfant était une question de patience ?
III. « Tu dois apprendre à ton bébé à dormir »
FAUX ! Il sait déjà très bien le faire. In utéro, il y consacrerait tout son temps, alternant sommeil actif et sommeil calme. Il dort même pendant l’accouchement. Ce n’est qu’au moment de l’expulsion qu’il se réveille ! Un bébé (comme un enfant plus grand) a besoin de sommeil pour construire son cerveau, ses organes. Votre bébé a besoin de vous pour beaucoup d’autre chose, mais pour dormir il sait comment faire ;-). Pensez à prendre soin de son bien-être physique mais aussi psycho-affectif pour l’aider au mieux à lâcher prise, à se laisser aller dans le sommeil. Votre aide sera précieuse pour la mise en place des conditions favorables au sommeil.
IV. « Un bébé/enfant doit apprendre à dormir seul »
Cette phrase rejoint un peu celle-ci : « si tu fais dormir ton bébé en écharpe tu vas l’empêcher un jour d’être capable de dormir seul dans un lit ». Qu’en pensez-vous ?
Je trouve que c’est très personnel comme point de vue. Tout d’abord, à qui appartient le problème si votre bébé/enfant dort en ayant besoin de vous ? D’autre part, je l’ai dit un peu plus haut dans cet article : un bébé est totalement dépendant de ces parents dans plein de domaines. Pourquoi serait-ce différent pour le sommeil ? Cela dépend de l’âge me direz-vous. En effet, les attentes ne seront surement pas les mêmes entre un nouveau-né de quelques jours et un enfant de 10 ans. Nous sommes d’accord. A travers ces quelques lignes, j’invite à la réflexion sur nos attentes, nos attentes de parents, les attentes de la société en lien avec le sommeil du bébé ou de l’enfant. Ayons des attentes réalistes et bienveillantes.
V. « Il ne faut jamais réveiller un bébé qui dort »
J’ai honte … J’ai prononcé cette phrase de nombreuses fois lorsque j’ai débuté mes accompagnements en périnatalité et parentalité. Je manquais d’informations et peut-être même de formation. Car oui il est des situations où, en tant que parents ou professionnels, nous n’avons pas d’autres choix que de réveiller bébé. Si je dois déposer mon grand à l’école alors que mon conjoint est déjà parti travailler, je ne vois pas comment je peux faire autrement. En crèche, si un bambin dort 5 heures au moment de la sieste et qu’ensuite ses nuits sont perturbées, en tant que professionnel(le), je me dois de le réveiller. Cela peut paraitre paradoxal mais cela permet de respecter son rythme.
Après, il y a « réveiller » et « réveiller ». L’idéal est de le faire entre deux cycles de sommeil : lorsque bébé se retourne et/ou prend une grande inspiration. Cela demande d’observer un peu votre bébé/enfant afin de déterminer ses signes de passage d’un cycle à l’autre. Il est aussi possible de se référer à la durée théorique du cycle en fonction de l’âge.
Par ailleurs, un autre point me semble important à aborder : certains nouveau-nés se mettent en économie d’énergie. Ils peuvent dormir plusieurs heures sans s’alimenter notamment au sein. Dans ce cas, il s’agira d’être particulièrement attentif aux nombres de tétées, aux couches d’urine et de selles.
VI. « Laissez-le pleurer, il va bien finir par s’endormir »
De nombreuses méthodes utilisant le laisser pleurer ont fleuri depuis la méthode du Docteur Ferber encore appelée méthode des 5/10/15. Elles ont porté des noms différents mais en définitive la résultante est la même. Le bébé ne se sent pas en sécurité. Il pleure pour réclamer la présence rassurante de ses parents. Le stressmonte de plus en plus. Certains enfants vont même jusqu’aux vomissements. Pour information, les vomissements ont lieu lorsque l’organisme est en état de choc. Il ne s’agit pas d’une manipulation : c’est physiologique ! Encore une fois, il y a poser son bébé quelques minutes pour aller aux toilettes et lui expliquant et laisser son bébé hurler car « il faut lui apprendre que c’est vous le chef ! ».
Néanmoins, je vais nuancer quelques peu mes propos. Certains parents sont tellement épuisés que les pleurs de bébé deviennent insupportables. Le risque dans cette situation est d’avoir le geste malheureux de secouer son bébé. Dans ce cas, effectivement, il est préférable de poser bébé sur le dos, en sécurité dans son berceau et de prendre quelques minutes pour retrouver ses esprits. Par ailleurs, pour rappel, les poumons de bébé sont matures à 34SA. Le laisser pleurer ne va donc pas lui être utile pour « faire ses poumons ».
VII. « Dormir avec son enfant ce n’est pas sain ! »
Je me répète peut-être beaucoup dans cet article. Mais encore une fois, à qui cela pose-t-il problème ? A votre grand-tante ? un membre de votre famille ? Si pour vous et votre partenaire de vie c’est OK, écoutez-vous. En grandissant beaucoup d’enfants verbalisent leur besoin d’autonomie, d’indépendance. Par contre, si dormir avec votre enfant est un problème pour vous ou votre conjoint, écoutez-vous également. Allez à la recherche des points sur lesquelles votre enfant a besoin d’être rassuré. Puis mettez en place ce qui vous semble adapté à la situation. Une veilleuse ? Orienter son petit lit différemment ? Expliquer ce qui se passe une fois qu’il est couché ? Selon les enfants et les situations les pistes peuvent être différentes.
Mais au fait, qu’appelle-t-on « dormir avec son enfant » ? S’agit-il d’un bébé ? L’Organisation Mondiale de la Santé recommande le partage de la chambre ou alors le cododo (sous certaines conditions) jusqu’au 6 mois. Le co-bedding n’est quant à lui pas recommandé pour les bébés.
VIII.« Je n’arrive pas à faire dormir mon bébé ! »
A ma connaissance, nul n’a le pouvoir de faire dormir quiconque. Imaginez-vous, vous êtes pleinement dans une activité qui vous plait beaucoup. Soudainement, une personne proche de vous s’approche et vous dit : c’est terminé maintenant, c’est l’heure du dodo ! Le souci c’est que vous n’avez pas du tout sommeil. Vous êtes installé(e) dans le lit et vous pensez à ce que vous avez à faire. Cela vous agace fortement. Ceci est une carricature juste pour que vous essayez de vous mettre dans la peau d’un enfant qu’on « oblige » à dormir alors qu’il n’a pas sommeil. Néanmoins, ce qui peut être utile c’est de repérer les signes de fatigue de l’enfant ou du bébé. Dès les premières manifestations, démarrez votre petit rituel de la sieste ou du sommeil nocturne.
Parfois, vous vous trouvez dans un état émotionnel tel que vous ne parvenez pas à endormir votre bébé. Une petite histoire très personnelle pour l’illustrer. Un soir, ma fille de quelques mois à peine était fatiguée : je décide donc d’aller la coucher. Je suis épuisée par ma journée : elle a beaucoup pleuré aujourd’hui. Je n’ai pas toujours compris pourquoi. Mon mari termine le travail vers 20h30 et il est déjà 20h lorsque je « tente » de mettre la petite au lit. J’ai tout essayé : lui donner le sein, la bercer, chanter une douce berceuse … Rien n’a fonctionné comme je le voulais. Mon mari est arrivé du travail et, excédée, je lui dis : « prends le relais car je n’en peux plus ! ». Il était content de retrouver la petite. En cinq minutes, ma fille était endormie.
Conclusion
Le sujet du sommeil est un sujet délicat. La fatigue du post-partum, les nuits entre-coupées, le quotidien de la vie de parents, ce n’est pas toujours facile à vivre. Entourez-vous de personnes bienveillantes. Armez-vous de patience, le temps peut-être un allié considérable. Beaucoup de choses peuvent influer sur le sommeil du bébé ou de l’enfant. Tout n’est pas toujours linéaire. Déculpabilisez-vous, et faites de votre mieux. Demandez conseil à des personnes formées en matière de sommeil et surtout respectueuses des besoins de l’enfant (et des vôtres 😉 ). Et surtout, accordez-vous du temps, prenez soin de vous AUSSI.
De nombreux ouvrages traitent du sommeil du tout petit. J’en ferai des chroniques pour de prochains articles. Si vous êtes pressés, voici deux excellentes références :
Je fais d’ailleurs la chronique de l’excellent livre de Madame Junier : Le sommeil du jeune enfant.
Si le sujet du sommeil vous intéresse, vous pouvez également consulter :
- Le sommeil, le rêve et l’enfant
- Bébé massé, sommeil assuré ?
Pour vous aider à avoir une idée des besoins de votre bébé ou votre enfant. Il s’agit ici de moyenne.
Je suis curieuse de connaitre ces petites phrases qu’on a pu vous dire concernant le sommeil de votre enfant. Sentez-vous libre de les mentionner dans les commentaires !