Le sommeil du jeune enfant de Héloïse JUNIER (2022)
Pendant les cours de massage parents-bébé, les questions fréquentes des parents tournent autour de différentes thématiques voire problématiques. La question du sommeil du bébé ou de l’enfant en fait partie. Selon une étude de 2005, un parent sur trois est confronté à des problèmes de sommeil avec son bébé avant 18 mois.
Grâce à son livre, la psychologue Héloïse JUNIER compulse les questions les plus fréquentes que les jeunes parents peuvent se poser sur le sommeil de leur bébé ou de leur enfant. Elle-même ayant des enfants en bas âge à l’époque, elle a écrit le livre dans lequel elle aurait aimé trouver des ressources pertinentes. Voici un condensé des notes que j’ai prises pendant la lecture de ce livre.
En complément, je vous offre cette berceuse :
I.Le sommeil du bébé, de l’enfant … et celui de ses parents
1) Quelques généralités sur le sommeil
Selon la revue Brain Developpement, 75% des bébés né à terme ont un rythme stable vers 3 à 4 semaines de vie.
La production endogène de mélatonine débute après 4 mois pour un bébé né à terme. Il s’agit d’une hormone secrétée par la glande pinéale située dans le cerveau. Moins la luminosité est forte, plus le cerveau sécrètera de mélatonine.
Trois choses essentielles à avoir en tête pour favoriser l’endormissement de l’enfant :
- Augmenter sa production de mélatonine en diminuant la luminosité ;
- Diminuer sa production de cortisol (hormone du stress) ;
- Diminuer sa température corporelle.
Dans cette partie du livre, il est également question du caractère évolutif du sommeil :
- De la naissance à trois mois, bébé s’endort en sommeil agité ;
- De 3 mois à 9 mois il s’endort en sommeil paradoxal ;
- De 9 mois à 3 ans bébé s’endort en sommeil lent léger (il est donc facilement réveillable) ;
- Dès 3 ans, l’enfant s’endort en sommeil lent léger puis profond, puis très profond ;
Physiologiquement, l’enfant n’est pas « aidé » à faire ses nuits d’une traite. Et contrairement aux idées reçues, tous les bébés ne font pas leurs nuits à 6 mois.
Mais au fait qu’appelle-t-on « faire ses nuits » ? Selon l’autrice, il s’agirait d’enchainer 6 heures de sommeil d’affilée. La qualité et la durée du sommeil repose sur des facteurs endogènes et exogènes.
Facteurs exogènes | Facteurs endogènes |
Exposition aux écrans Biberon la nuit Heure du coucher | Génétique Tempérament Évènement psychologique Infection et/ou vulnérabilité physiologique |
2) Les parasomnies les plus fréquentes
Ensuite, l’auteure nous parle des parasomnies les plus fréquentes :
- Les cauchemars qui concernent le sommeil paradoxal
- Les terreurs nocturnes et éveils confusionnels qui concernent le sommeil lent profond
Voici leurs « cartes d’identité » :
Cauchemars | Terreurs nocturnes | Éveils confusionnels | |
Profil | Rêve horrible | Éveil incomplet Le corps se réveille alors que le cerveau est profondément endormi | Éveil incomplet Le corps se réveille alors que le cerveau est profondément endormi |
Nom scientifique | Parasomnie du sommeil paradoxal | Parasomnie du sommeil lent profond | Parasomnie du sommeil lent profond |
Comportement | Hurle ou pleure après le rêve, donc réveillé | Hurle, les yeux grands ouverts, transpiration, cœur qui bat la chamade, déplacement possible et/ou langage incompréhensible | Grognement, agitation, pleurs, les yeux peuvent être ouverts |
Consolable | Oui | Non | Non |
Durée | Se calme rapidement | De quelques secondes à quelques minutes | De quelques minutes à 1 heure |
Quand | 2e partie de nuit | 1e partie de nuit | 1e partie de nuit |
Fréquence | Variable selon les enfants | Un épisode par nuit | Peut se répéter plusieurs fois / nuit |
Souvenirs | Possible | Aucun souvenir | Aucun souvenir |
Causes | Stress, changements, évènements insécurisant | Changement dans le quotidien, stress, fièvre, manque de sommeil, suppression de la sieste | Réveil provoqué et/ou brutal, stress, problème de santé, irrégularité des horaires de sommeil |
Prévalence | 50% des 3 à 8 ans | 37% des enfants de 18 mois et 20% de ceux de 30 mois | Fréquent chez les enfants de – de 5 ans |
Beaucoup de parents que j’ai rencontré m’ont demandé : quand les cauchemars apparaissent-ils ? Il est difficile de répondre à cette question. En effet, l’accès au langage est variable selon les enfants. Or, comment le savoir si l’enfant n’en parle pas ?
3) Au sujet des pleurs
Selon l’état actuel des connaissances, certains bébés se mettent à pleurer le soir avant de dormir ou avant la sieste pour retrouver un état de détente favorable à l’endormissement. Il s’agira alors d’accompagner les pleurs plutôt que les réprimer. En effet, pleurer permettrait d’évacuer des toxines.
Par ailleurs, l’auteure nous apprend qu’ils existent plusieurs types de larmes :
- Les larmes basales, présentes en continu ;
- Les larmes réflexes ou d’irritation, dues à une agression physique ou chimique ;
- Les larmes émotionnelles, liées à un trop plein de « stress ».
Pour rappel, les pleurs sont initiés par le système nerveux autonome. Le bébé ne peut donc pas pleurer « sur commande » ou « pour manipuler » quelqu’un 😉 . D’ailleurs, le maternage dit « distal » induirait davantage de pleurs et sur une durée plus longue (67,5 % de bébé nord-américain contre seulement 8,3% de bébé coréens).
4) Les bébés ont un tempérament
Par ailleurs, la notion de tempérament des bébés est abordée. En effet, chaque enfant est unique et possède son tempérament. Selon Mary K ROTHBART, professeure en psychologie, il serait défini par deux grands traits :
- La réactivité par rapport aux stimuli. Cette réactivité est liée à l’amygdale. Certains enfants ont une amygdale plus excitable, ce qui peut donner des enfants avec un tempérament hautement réactif.
- L’autorégulation c’est-à-dire la capacité d’auto-apaisement.
Si cela vous intéresse, sachez qu’il existe des tests de tempérament applicables pour des bébés âgés entre 6 et 36 mois.
II. Concrètement, je fais quoi pour faire dormir mon bébé/enfant ?
Voici un tableau synthétique de pistes à instaurer et/ou quelques changements que vous pouvez mettre en place pour améliorer l’endormissement ou le sommeil de votre bébé ou de votre enfant :
Repérer les signes de fatigues | Mettre en place des rituels |
Le réveiller à la même heure chaque jour | Faire des câlins et/ou des massages |
Utiliser les tempos lents (musique, histoire) | Rassurer |
Pratiquer la cohérence cardiaque | Aérer la chambre |
Accompagner l’enfant dans un lieu sûrimaginaire | Bercer bébé et le poser avant total endormissement |
Diminuer l’éclairage une heure avant l’heure du coucher | Attention aux lumières bleues et blanches |
Réduire la température de la pièce | Éviter de trop couvrir |
Éviter biberon ou tétine en systématique | Rester à coté sans parler |
Épurer la décoration, préférer des murs au coloris clairs | Diminuer l’énervement parental |
Quitter la chambre bébé est encore éveillé et revenir pour l’apaiser si besoin | Renforcement positif pour les plus de 3 ans |
L’auteure attire notre attention sur les bruits blancs : les connaissances sont encore insuffisantes pour prouver leur efficacité et surtout leur innocuité par rapport au sommeil des enfants.
III. Déconstruire les idées reçues sur le sommeil de l’enfant
Les besoins des enfants et des bébés sont en décalage avec le rythme de la société. Voici quelques idées reçues :
1) « Un enfant doit apprendre à dormir seul »
Pour commencer, il est rappelé que le maternage proximal est primordial car le bébé est dépendant de l’adulte à bien des égards.
2) « Dormir avec son enfant risque d’en faire un obsédé sexuel insomniaque » :-):-)
Le cododo est conseillé par l’Organisation Mondiale de la Santé sous certaines conditions. Il augmenterait la vigilance et le nombre de réveil du parent. Les bébés animaux dorment avec leur parent ce qui augmente leur chance de survie. Bien entendu, chacun est libre de faire ce qui lui convient le mieux.
3) « Un bébé qui dort en portage la journée risque de s’habituer aux bras et de ne jamais (…) réussir de toute sa vie à dormir dans un foutu lit » 🙂 🙂
Le bébé humain est « conçu » pour être porté. Dans les sociétés traditionnelles n’étant pas focalisées sur l’autonomisation précoce des enfants, les bébés sont portés plus de 80% du temps en moyenne.
4) « Il ne faut jamais réveiller un bébé qui dort «
Une méta analyse de 2015 indique que la sieste pour un enfant de plus de 2 ans peut impacter la qualité et la quantité du sommeil nocturne. Cela peut rallonger de manière significative le temps d’endormissement. De plus, il est conseillé de réveiller son enfant tous les matins à la même heure.
5) « Laissez-le pleurer seul, il va bien finir par s’endormir »
C’est une pratique qui va à l’encontre des besoins fondamentaux du bébé. Quand un bébé pleure, son cerveau est exposé au cortisol. Il a donc besoin de la présence rassurante de l’adulte pour s’apaiser. Par conséquent, évitez autant que possible de le laisser pleurer seul sauf si vous sentez que vous êtes à bout de nerf et que vous êtes sur le point de secouer votre bébé.
J’ai d’ailleurs écrit un article sur « En finir avec les idées reçues sur le sommeil de votre bébé/enfant« .
IV. Quand le sommeil devient problématique
Voici ce que j’ai appris dans ce chapitre autour des problématiques liées au sommeil du bébé ou de l’enfant :
Tout d’abord, même pour une très courte durée, le manque de sommeil risque d’altérer :
- les capacités d’apprentissage,
- la scolarité,
- le comportement,
- l’humeur,
- le surpoids ou l’obésité.
D’ailleurs, les méfaits du manque de sommeil peuvent s’observer 3 à 4 années après et pas uniquement le lendemain de la mauvaise nuit.
De plus, rien n’est acquis en ce qui concerne le sommeil de l’enfant (et peut-être même de l’adulte). La moindre maladie infantile ou une perturbation dans les habitudes de vie peut avoir une influence sur la qualité et/ou quantité de sommeil.
1. Les causes des perturbations du sommeil
Lorsque le sommeil du bébé ou de l’enfant est perturbé, cela est dû à des causes physiologiques et/ou psychologiques.
Les causes physiologiques possibles | Les causes psychologiques possibles |
– RGO (reflux) -Alimentation déséquilibre (en trop ou pas assez) – Apnée du sommeil – Infection ORL (otite, rhinite, …) – Asthme – Eczéma – Prise de certains médicaments – Douleur (poussée dentaire …) – Allergie aux protéines de lait de vache | – Stress (petit ou grand changement) – Deuil – Conflits – Psycho-traumatisme (décès, violence, abus, accident) – Tempérament anxieux – Dépression – Trouble du spectre autistique (TSA) – Trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) |
De plus, Héloïse JUNIER nous rassure en précisant que la majorité des problématiques du sommeil résultent d’habitudes défavorables. Elle indique également quand consulter :
- « Quand vous êtes à deux doigts de le jeter par la fenêtre pour dormir ne serait-ce que quelques minutes d’affilée » ;
- « Quand son nombre d’heures de sommeil est trop élevé ou trop faible au regard des recommandations pour sa tranche d’âge ».
2. Les approches thérapeutiques pour les causes psychologiques
Enfin, elle identifie les approches thérapeutiques qui peuvent être très utiles en ce qui concerne les causes d’ordre psychologique dans les perturbations du sommeil de l’enfant :
- La thérapie familiale d’orientation systémique ;
- L’EMDR (EYE Movement Desensitization and Reprocessing) en français, cela donne désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires ;
- La TCC ou thérapie cognitive et comportementale pour soulager l’anxiété et aider à développer des stratégies adaptées ;
- L’hypnose et les techniques de relaxation.
Conclusion
Lorsque je rédige mes fiches de lecture, j’ai coutume de faire le point sur les aspects positifs et négatifs. Très honnêtement, j’ai vraiment du mal à identifier des points négatifs. Peut-être que dans quelques temps j’en trouverais … ou pas :-).
En revanche concernant les points positifs, j’en ai quelques-uns :
- C’est un livre qui s’appuie sur des données, des études scientifiques ;
- C’est un livre plein d’humour très utile pour dédramatiser les situations difficiles ;
- Une synthèse est faite à la fin de chaque chapitre ainsi qu’une « conclusion géante » pour aider les jeunes parents en manque de temps ;
- Elle recommande l’hypnose dans le traitement des causes d’ordre psychologique, je ne peux qu’être d’accord avec elle en tant que praticienne en hypnose 😉 .
Merci Madame JUNIER pour cet ouvrage qui, à mon sens, soutient la parentalité sur plusieurs aspects. Prendre soin du sommeil de son enfant peut être fatiguant. Dans cet article, vous trouverez des conseils pour prendre soin de vous aussi : 5 astuces pour prendre soin de soi (AUSSI) en étant parent.
Je vous recommande également ce livre que fera également d’objet d’un article prochainement.
Et vous, quelles ont été ou sont vos difficultés en rapport avec le sommeil de votre enfant ? Sentez-vous libre d’en parler en commentaire 🙂
Contente d’avoir lu cet article qui donne raison à beaucoup de mes intuitions de parent.
J’ai toujours suivi mon instinct plutôt que les conseils d’un tas de gens bien intentionnés et surtout bien conditionnés par leur propre éducation.
Les bébés aussi vont vous remercier 😉
(PS : impossible de commenter lorsqu’on navigue sur Firefox, j’ai du changer pour Edge)
Oui merci pour votre commentaire ! c’est très important ce que vous dites ! s’écouter en tant que parent est primordial. Je le dis souvent aux parents que j’accompagne : vous êtes l’expert de votre bébé ! Merci à vous