Fausse couche : Tout est vrai !

La fausse couche, un terme clinique froid pour désigner une réalité émotionnelle véritable. La « fausse couche » touche de nombreuses vies et les transforme enveloppant les femmes et les couples dans une tristesse souvent tue. Chaque aspect de cette expérience, bien que médicalement catalogué comme « commun », résonne dans l’âme avec une vérité unique, vécue intensément par ceux qui traversent cette épreuve. J’ai choisi d’appeler mon article « Fausse couche : Tout est vrai ! » car à mon sens il n’y a rien de faux dans tout cela

Le Chagrin

Le chagrin après une fausse couche est lié à un amour souvent invisible aux yeux des personnes extérieures. Il peut même s’agir de proches qui ne sont pas au courant de la grossesse qui était en cours. Cet attachement peut se développer bien avant le tout premier cri. Il peut s’ancrer dès les premières semaines de grossesse. Ce deuil singulier est souvent sous-estimé, comme si la profondeur de l’amour était mesurée par le temps passé ensemble ! Pourtant, l’amour ne connaît pas de chronologie. Reconnaître ce chagrin est très important ! Il est tout à fait légitime ! Si vous me lisez et que vous vivez actuellement ce moment pénible, sachez que vous avez le droit de ressentir de la tristesse ! Autorisez-vous à pleurer si vous en avez besoin. Et à contrario, vous avez aussi le droit de ne rien ressentir ! Chacune, chacun vit les choses à sa manière.

La Douleur : Une réalité à plusieurs dimensions

La douleur vécue lors d’une « fausse couche » touche à la fois le corps et l’esprit. La souffrance peut parfois être complexe. Elle est physique car il peut y avoir des manifestations douloureuses. Elle est aussi psychologique, imprégnée par ce sentiment de perte. Cette dualité de la douleur mérite d’être abordée sans tabou, offrant ainsi un espace de reconnaissance et de compréhension pour celles et ceux qui la vivent.

L’impuissance 

L’impuissance ressentie reflète la confrontation brutale avec la situation. L’incapacité à influencer le cours des événements, une réalité souvent nouvelle et effrayante pour de nombreux couples. Ce sentiment, profondément déstabilisant, rappelle tristement que certaines choses échappent à notre contrôle. Il est pourtant vital de reconnaître cette impuissance non pas comme un échec personnel, mais comme une part de la condition humaine. Ne pas pouvoir agir pour éviter que la grossesse ne s’arrête, ne pas pouvoir être acteur est aussi difficile à vivre pour la femme que pour son partenaire de vie qui a le sentiment que quoi qu’il dise, cela ne changera rien. (Même si ce n’est pas toujours vrai). 

Le Sentiment d’échec : Déconstruire les mythes

Le sentiment d’échec, souvent exacerbé par les attentes sociétales et personnelles, mérite une attention particulière. La société a tissé autour de la grossesse un récit de réussite et de perfection. Il est essentiel de dédramatiser et de déculpabiliser, rappelant qu’une grossesse arrêtée ne définit ni la valeur ni la capacité d’une femme ou d’un couple. Un échange avec une gynécologue m’a appris que si le corps détecte quelque chose d’anormal, il « choisit » de ne pas poursuivre la grossesse. 

La Culpabilité, la honte, la Colère : des sentiments mélangés

Une enquête nationale qui a révélé que 37% des personnes ayant vécu une fausse couche se sentaient comme si elles avaient perdu un enfant. Beaucoup rapportent des sentiments de culpabilité, d’isolement et de honte (Bardos et al, 2015). La culpabilité et la colère, émotions ardentes et souvent dirigées contre soi, nécessitent un espace sécurisé pour être exprimées et transformées. Il est crucial d’offrir des espaces vers la paix intérieure, permettant aux  émotions de s’exprimer librement et de se dissiper dans un environnement de soutien et de compréhension.

Le silence : rompre l’isolement

Le silence entourant les « fausses couches » alimente l’isolement et le sentiment de solitude. Pourtant les grossesses arrêtées sont estimées à 23 millions chaque année dans le monde. Cela revient à 44 grossesses arrêtées par minute (Quenby et al, 2021). En brisant ce silence, en partageant des expériences et des vécus, nous pouvons construire des ponts de compréhension et de soutien. Chaque histoire partagée devient une lumière dans l’obscurité, un rappel que personne ne traverse cette épreuve seul.

Le sentiment de solitude

Le sentiment de solitude peut être accablant. Il peut être accentué par le sentiment que notre douleur est incomprise, qu’elle ne peut pas être dite. Beaucoup de femmes se retrouvent finalement comme à porter un secret alors qu’elles sont pourtant entourées. Je les encourage à trouver une communauté. Que ce soit à travers des groupes de soutien, des forums en ligne, ou des articles partagés comme celui-ci. Cela peut transformer le sentiment de solitude en un sentiment de solidarité, de force collective. 

Vers une guérison holistique

La guérison après une « fausse couche » est un processus holistique. Cela touche à l’aspect médical, physique et aussi beaucoup à l’aspect l’émotionnel. C’est tout un processus de deuil qui s’enclenche. Cela demande du temps, de la patience et une bienveillance envers soi-même. Reconnaître et honorer son propre rythme de guérison est fondamental. Ce chemin vers la paix intérieure peut inclure des différentes pratiques d’accompagnement professionnels sensibilisés au deuil périnatal : des thérapies adaptées, des séances d’hypnose, et bien-sûr le soutien inconditionnel d’êtres chers.

L’importance du soutien du partenaire

Le rôle du partenaire de vie dans ce voyage est crucial. Souvent, ils portent leur propre chagrin et sentiment d’impuissance, tout en essayant de soutenir leur compagne. Ouvrir un dialogue au sein du couple, permettant à chacun d’exprimer ses émotions et ses besoins, forge un lien plus fort, capable de supporter le poids de la tristesse et de la guérison.

Une société plus inclusive

Enfin, il est impératif de travailler vers une société qui reconnaît et valide la douleur de la « fausse couche » à égalité avec d’autres formes de deuil. En normalisant la conversation autour de la perte périnatale. Heureusement, le côté « tabou » tend à s’estomper avec le temps et à force de communication sur le sujet. D’ailleurs plutôt que de parle de « fauche couche », pourquoi ne pas parler de «grossesse arrêtée» ? 

Conclusion

Chaque « fausse couche », bien que médicalement désignée comme « commune », est une expérience profondément personnelle et unique. Derrière le terme clinique se cache de l’amour, des émotions, un manque … Ainsi que des expériences qui sont indéniablement vraies et méritent d’être reconnues. En parlant ouvertement de ces vérités, nous offrons non seulement du soutien et du réconfort à ceux qui en ont besoin, mais nous contribuons aussi à construire une culture plus empathique et bienveillante. Personnellement je préfère parler de grossesse arrêtée.  

Le processus de deuil n’est pas un chemin à parcourir seul. En partageant nos histoires, nous pouvons briser les barrières du silence, transformer la douleur en … quelque chose d’autre. Cela ouvre une voie vers la guérison et un sentiment de compréhension. Cela peut aussi demander du temps. Sentez-vous libre de vous en accorder. J’espère que cet article peut être un début de conversation, un appel à la bienveillance et à la solidarité, dans l’espoir que chaque personne touchée par une grossesse arrêtée trouve la force, le soutien, et la paix qu’elle mérite.

Si cet article vous a plu, sentez-vous libre de le partager :-)

6 réflexions sur “Fausse couche : Tout est vrai !”

  1. Merci pour cet article qui vient toucher une corde sensible chez moi car je suis passée par un fausse couche puis deux grossesses arrêtées avant de lâcher prise, faire un stage de yoga et voilà, ma fille était là 🙂 Tout ça pour dire à toutes celles qui passent par là, que c’est dur, difficile, mais qu’il reste encore de l’espoir dans la plupart des cas. Il ne faut surtout pas culpabiliser et travailler sur soi pour réussir à faire son deuil. Ne pas hésiter à se faire aider si nécessaire.

    1. Merci infiniment pour ton partage Laura. En effet, cela est beaucoup plus fréquent qu’on ose le dire.
      Je pense que c’est un facteur de culpabilité. Comme on en parle peu, les femmes qui passent par cette épreuve pensent c’est rare et que « donc » cela vient d’elle. En parler est une première étape 💪🙏

  2. Je n’ai jamais vécu cette expérience, mais je peux comprendre ce sentiment de perte. Beaucoup de femmes ont du mal à s’en remettre d’après ce que j’ai entendu. Merci pour tous tes conseils.

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