Diabète de l’enfant et de l’adolescent

Le diabète de l’enfant et de l’adolescent est un vrai sujet. Selon les chiffres de Santé Publique France, le nombre d’enfants atteints de diabète de type 1 ne cesse d’augmenter. A La Réunion, mon île natale, 350 enfants de moins de 18 ans sont diabétiques. C’est la première maladie chronique en pédiatrie.

Compte tenu de ces chiffres, j’ai jugé utile de partager avec vous ce j’ai appris lors d’une formation de deux jours autour du diabète de l’enfant et de l’adolescent. Je vous rassure, je ne rentrerai pas (trop) dans les détails techniques de la physio-pathologie. Le principal sera de transmettre à mon tour les messages que j’ai reçu ces derniers jours. 

Je commencerais par définir brièvement ce qu’est le diabète et ce que cela implique sur le plan médical. Puis je vous parlerais de son impact sur le plan psychologique. Ensuite je ferai un point sur l’alimentation et enfin j’aborderais l’activité physique de l’enfant et de l’adolescent diabétique. 

I. Sur le plan médical 

1.1. Définition 

La glycémie normale est située entre 0,70 et 1,10 gramme de sucre par litre de sang (g/L) dans le corps. A jeun, elle ne doit excédée 1,26 g/L. Lorsque la glycémie à jeun est supérieure ou égale à cette valeur, on parle de diabète. Selon les chiffres de Santé Publique France de 2020, la survenue de diabète de type 1 chez l’enfant augmente d’environ 4% par an. C’est le type de diabète le plus fréquent chez l’enfant et l’adolescent. Cependant, du fait de l’augmentation de l’obésité chez l’enfant, un diabète de type 2 peut se révéler dans l’enfance ou l’adolescence.

1.2. Quels sont les signes qui doivent vous faire penser à un diabète ? 

Votre enfant :

  • A souvent très soif, boit beaucoup plus que d’habitude 
  • Urine fréquemment 
  • Se remet à faire pipi au lit 
  • Se sent très fatigué 
  • Maigrit de façon rapide 
  • Vomit 
  • A des douleurs inexpliquées au ventre 
  • Est déshydraté (alors qu’il boit beaucoup)
  • A du mal à respirer 

Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune. Je m’explique : des anticorps fabriqués par l’organisme, vont s’attaquer aux cellules fabriquant l’insuline. Par conséquent, l’organisme n’étant plus capable de produire de l’insuline, n’est plus capable de réguler le taux de sucre dans le sang. Ce n’est donc pas parce que votre enfant ou votre adolescent à manger trop de sucre qu’il a développé un diabète de type 1.

1.3. Quand le corps a-t-il besoin d’insuline ? 

Pendant les repas, en dehors des repas. La nuit aussi … quand le cœur bat 😅… Ben en fait tout le temps ! Notre corps à tout le temps besoin d’insuline. C’est pourquoi il est nécessaire de s’injecter de l’insuline (stylo ou pompe) pour une personne diabétique. 

1.4. Hypoglycémie ou hyperglycémie : laquelle est la plus « grave » docteur ? 

L’hypoglycémie

La hantise des parents d’un enfant atteint de diabète est l’hypoglycémie. On parle d’hypoglycémie pour un enfant diabétique en dessous de 0,70 g/L. Pourtant, les cas d’hypoglycémie sévère sont extrêmement rares selon les spécialistes de l’équipe de Diabétologie Pédiatriques que j’ai pu rencontrer. Je vous précise que l’hypoglycémie sévère correspond au stade où l’enfant n’est pas capable de se resucrer seul. 3 à 7 pour 100 des enfants diabétiques vont jusqu’au coma hypoglycémique. L’équipe médicale présente au cours de ma formation précise que les études ont montré que les effets des hypoglycémies sévères étaient négligeables. Je n’ai pas retrouvé ces études. Cet article sera remis à jour lorsque cela sera le cas. 

Les causes d’hypoglycémie : trop d’insuline, pas assez de sucre, activité physique imprévue. Les signes d’hypoglycémie sont propres à chaque enfant :

  • Sueur
  • Pâleur 
  • Tremblements 
  • Fatigue, vertige
  • Somnolence 
  • Faim ou mal au ventre
  • Vision double
  • Trouble de la parole
  • Sensation de froid, picotement dans les lèvres
  • Comportement inhabituel (irritabilité, nervosité)

L’hyperglycémie

L’acidocétose diabétique est la complication aiguë la plus fréquente et la première cause de décès chez l’enfant. L’acidocétose est une décompensation suite à une hyperglycémie prolongée. Le sang devient excessivement acide dû à l’accumulation de corps cétoniques (produit lors de la dégradation des graisses). Cela s’observe lorsque la quantité d’insuline dans le sang est insuffisante. C’est une urgence médicale qui nécessite une hospitalisation. Il faut quelques heures pour que l’hyperglycémie avec cétose évolue vers l’acidocétose. On a donc le temps de l’éviter si on sait exactement quoi faire.

Les signes d’hyperglycémie : votre enfant est assoiffé, il urine plus fréquemment que d’habitude. Puis en acidocétose : douleurs abdominales, vomissements, respiration rapide, gêne respiratoire, somnolence, fatigue intense, troubles de la conscience. Cela peut aller jusqu’à l’œdème cérébral. 

Pour faire court, contrairement aux idées reçues, ce n’est l’hypoglycémie qui a les conséquences les plus lourdes. Un enfant est rarement seul à l’école, il peut rapidement être resucré. Par contre, des douleurs abdominales ou des vomissements peuvent faire penser à un autre diagnostic ce qui peut retarder la prise en charge. 

II. Sur le plan psychologique 

Le diabète ou sa découverte peut impacter la vie psychosociale de l’enfant ou de l’adolescent. Mais également celle de la fratrie, de la famille au-delà de l’impact sur la santé. Selon l’âge de l’enfant, les représentations seront différentes. 

  • Avant 6 ans, l’enfant se représentera sa maladie au travers de ses sensations corporelles, de la douleur (glycémies, injections, prélèvements sanguins)
  • Entre 7 et 11 ans, l’enfant peut décrire comme un avant/après la maladie 
  • C’est seulement après 9 ans que l’enfant peut commencer à envisager que le diabète est lié à un dysfonctionnement invisible dans son corps. 
  • A l’adolescence, il existe un impact réciproque entre la maladie et le processus d’adolescence. Il peut exister un double sentiment de trahison. L’adolescent est trahi par la maladie mais également par son corps lui-même qui est en train de changer.

Le vécu peut donc être difficile pour l’enfant ou l’adolescent mais également pour ses frères et sœurs, pour ses parents. Certains parents peuvent ressentir de l’angoisse, de l’injustice, de l’impuissance, de la culpabilité (tout comme l’enfant lui-même d’ailleurs). Ils peuvent avoir le sentiment de passer d’un parent « éducateur » à un parent « soignant ». Cela peut être aussi compliqué pour les parents. Prendre soin de soi n’est donc pas une option.

En outre, selon les données scientifiques, la maturité du cortex frontal aurait lieu vers l’âge de 30 ans. L’autonomie de l’enfant est donc loin d’être acquise. Il aura besoin d’être accompagné sur différents plans comme par exemple celui de son alimentation.

III. Sur le plan de l’alimentation

Dans l’alimentation les sources de sucre sont les « OSES » : fructose, glucose, saccharose, lactose. Il faudra donc en tenir compte afin d’adapter les doses d’insuline. Enfant diabétique ou non, il est recommandé que l’alimentation soit la plus variée et équilibrée possible. Pour cela vous pouvez vous appuyer sur les recommandations du PNNS (Programme National Nutrition Santé 2019-2023). En voici une synthèse. Consommez :

  • Les féculents et produits céréaliers à chaque repas
  • 5 fruits et légumes par jour (comprenez 5 portions)
  • Des légumes à volonté
  • Des produits laitiers à chaque repas (3-4 par jour)
  • Viande, poisson, oeuf une ou deux fois par jour
  • Poisson une ou deux fois par semaine (acides gras insaturés)
  • Les graisses en quantité limitée
  • Charcuteries et fromage à consommer avec modération
  • Assaisonnez ou cuisinez avec peu de matières grasses 
  • Les produits sucrés occasionnellement (dans un repas équilibré)
  • Évitez les boissons sucrées 
  • L’eau est la seule boisson indispensable

Comme les autres enfants, un enfant atteint du diabète pourra consommer du sucre de façon raisonnable. Ce qui change, ce sera la dose d’insuline à injecter. Un ou une diététicienne peut accompagner votre enfant sur ce point. L’idéal étant de prendre soin de l’alimentation de toute la famille 😉 !

IV. Sur le plan de l’activité physique

Que ce soit dans le milieu du tennis, du football, du cyclisme, de la natation, il existe des sportifs de haut niveau qui sont diabétiques. Cela illustre bien le fait que le diabète n’empêche pas la pratique sportive. Au contraire, la pratique d’une activité physique régulière est recommandée pour tout un chacun. Cela permet aussi de diminuer les complications ou leur impact sur la santé. 

Certains sports nécessitent néanmoins des précautions particulières parce qu’ils sont potentiellement dangereux en cas d’hypoglycémie : deltaplane, parapente, parachutisme, alpinisme. 

Par contre, on ne commence un entraînement qu’avec une glycémie supérieure ou égale à 1,2g/l et en l’absence d’hyperglycémie avec cétose.

J’ai eu l’occasion de rencontrer une enseignante en activité physique adaptée. Ce professionnel peut également constituer une personne ressource dans l’accompagnement de l’enfant ou de l’adolescent diabétique. 

Conclusion 

Le diabète chez les enfants et les adolescents est plus qu’une simple affaire de glycémie. Il touche à chaque aspect de leur vie quotidienne, de leurs repas à leur activité physique, en passant par leur bien-être psychologique. Comprendre la maladie, ses symptômes et de ses implications, permet de fournir le soutien le plus adapté à l’enfant ou à l’adolescent. La gestion réussie du diabète nécessite une collaboration étroite entre les professionnels de la santé, les éducateurs, les parents, et bien sûr, les jeunes eux-mêmes. Le Projet d’Accueil Individualisé (PAI) est le support idéal pour cela.

L’hypnose ainsi que les outils de psychologie positive auxquels je suis formée me semblent particulièrement indiqué pour limiter le stress et les répercussions sur l’estime de soi de l’enfant. De plus, en tant qu’infirmière puéricultrice, je peux soutenir l’enfant et sa famille sur le plan global. Certes, à ce jour, le diabète ne se guérit pas mais il est possible de vivre sereinement avec cette maladie en étant accompagné.

Quelques sources

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2 réflexions sur “Diabète de l’enfant et de l’adolescent”

  1. Bonjour, ton article est captivant. C’est un sujet qu’on entend peu sur ce type de population 🤔. Je me demande bien pourquoi. Merci pour ton article 🙏

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