TDAH et traitement : Faut-il à tout prix éviter les « pilules » ?

Il est courant de se sentir dépassé face au diagnostic d’un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Que cela concerne un enfant ou un adulte. C’est aussi souvent le cas en ce qui concerne son traitement. Le TDAH est un trouble du neuro-développement qui, malheureusement, est souvent entouré de mythes. Vous pouvez vous retrouver naviguant dans un océan d’informations. Vous pouvez aussi essayer de comprendre les multiples facettes de ce trouble. Enfin, il est possible que vous souhaitiez déterminer la meilleure approche pour aider votre enfant.

Il est tout à fait normal d’avoir des craintes, en particulier lorsqu’il s’agit de la question des médicaments. Les médicaments, sont-ils vraiment nécessaires ? Quels sont les effets secondaires potentiels ? Y a-t-il des alternatives non médicamenteuses qui pourraient être efficaces ? Ce sont des questions valables et importantes, et il est crucial de se les poser.

Dans cet article, je vous propose d’éclaircir la notion du traitement du TDAH. Mon objectif est d’aborder ce sujet complexe avec une approche basée sur des connaissances scientifiques solides. Cela afin de vous fournir une vue d’ensemble équilibrée des options disponibles. Cela ne remplace bien-entendu pas votre suivi médical habituel.

I. Le traitement médicamenteux du TDAH

En France, le traitement médicamenteux doit être mis en place en deuxième intention. Lorsque les mesures psychologiques, éducatives, sociales et familiales seules sont insuffisantes. De plus, il peut être instauré pour un enfant d’au moins 6 ans ayant un diagnostic de TDAH établi. 

Trois spécialités existent :

  • Le methylphénidate
  • la guanfacine 
  • l’atomoxétine

 1.1. Le méthylphénidate

Le méthylphénidate est le traitement le plus couramment utilisé pour le TDAH. Les noms commerciaux peuvent être les suivants : Ritaline®, Concerta®, Quasym®, Medikinet®. Il s’agit d’un stimulant du système nerveux central. Il améliore les symptômes du TDAH en augmentant les niveaux de certains neurotransmetteurs dans le cerveau (dopamine et la noradrénaline). On parle donc d’un psychostimulant ayant une structure chimique de type amphétaminique. Ces spécialités sont inscrites sur la liste des stupéfiants avec une prescription limitée à 28 jours. Le méthylphénidate est efficace pour réduire les principaux symptômes du TDAH, tels que l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité. Cependant, il peut avoir des effets secondaires. Par exemple : l’insomnie, une diminution de l’appétit et des problèmes de croissance chez certains enfants.

 1.2. L’atomoxétine

L’atomoxétine, vendue sous la marque Strattera, est un inhibiteur sélectif du recaptage de la norépinéphrine. Contrairement au méthylphénidate, l’atomoxétine n’est pas un stimulant, mais fonctionne en augmentant les niveaux de norépinéphrine dans le cerveau. Ce médicament est utilisé pour le traitement du TDAH chez les enfants, les adolescents et les adultes. Il est généralement utilisé lorsque les stimulants ne sont pas efficaces ou ne peuvent pas être utilisés. Les effets secondaires possibles de l’atomoxétine comprennent les nausées, la diminution de l’appétit et la fatigue.

1.3. La guanfacine

La guanfacine, commercialisée sous la marque Intuniv, est un autre médicament utilisé pour traiter le TDAH. Il s’agit d’un agoniste des récepteurs adrénergiques alpha-2A. Il aide à réduire les symptômes du TDAH en affectant les parties du cerveau qui contrôlent l’attention et l’impulsivité. La guanfacine est souvent utilisée lorsque les autres traitements ne sont pas suffisamment efficaces ou provoquent des effets secondaires inacceptables.

  • Il s’agit donc d’une option de dernier recours.
  • Uniquement en cas d’inefficacité d’un traitement bien conduit par méthylphénidate en association à des mesures psychologiques, éducatives et sociales, ou bien d’intolérance
  • en cas de contre-indication au méthylphénidate  

Parmi les effets secondaires possibles de la guanfacine, on peut citer la somnolence, la fatigue et les maux de tête.

Le choix du médicament dépend donc de nombreux facteurs, notamment de la sévérité des symptômes, de la présence d’autres troubles de santé, de la réponse aux traitements antérieurs et des effets secondaires potentiels. La décision doit donc être prise en étroite collaboration entre le patient, sa famille et les professionnels.

Les traitements médicamenteux, comme le méthylphénidate et l’atomoxétine, sont efficaces pour atténuer les symptômes du TDAH. Les thérapies peuvent quant à elle aider à améliorer la vie quotidienne des patients. De plus, comme vous je vous en ai parlé dans mon article Pourquoi le TDAH est-il difficile à identifier ?, il existe parfois des pathologies ou troubles associées qu’il faudra également prendre en compte par une approche médicamenteuse ou non.

II. Les alternatives non médicamenteuses dans le traitement du TDAH

Outre les médicaments, il existe une variété de traitements non médicamenteux qui peuvent aider à gérer les symptômes du TDAH. Une revue systématique de 2018 publiée dans le Journal of Child Psychology and Psychiatry a montré que les interventions comportementales peuvent avoir des effets positifs significatifs sur les symptômes du TDAH. Voici quelques exemples :

  • les modifications de l’alimentation
  • la pratique de l’exercice physique
  • l’hypnothérapie
  • les mesures psychologiques, éducatives et sociales 
  • les thérapies cognitivo-comportementales, 
  • les thérapies psychodynamiques, systémiques et psycho-éducatives, 
  • la guidance parentale
  • les aménagements scolaires

III. Trouver un équilibre : l’approche multimodale

De plus en plus, les professionnels de la santé recommandent une approche multimodale pour le traitement du TDAH. Cette approche combine des éléments de traitements médicamenteux et non médicamenteux pour obtenir les meilleurs résultats. Une étude publiée dans le American Journal of Psychiatry a révélé que l’association du traitement médicamenteux à des interventions comportementales est plus efficace que chacun de ces traitements pris séparément. Cela est également confirmé par la Haute Autorité en Santé (HAS) et la fédération mondiale du TDAH (déclaration de consensus). 

IV. La stimulation cérébrale non invasive : une nouvelle approche

La stimulation cérébrale non invasive est une technique émergente dans le traitement du TDAH qui suscite un intérêt croissant. Il s’agit d’une méthode qui utilise des champs électriques ou magnétiques pour stimuler certaines régions du cerveau. Pas besoin de chirurgie ! Parmi ces techniques, on trouve la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (rTMS) et la stimulation transcrânienne à courant continu (tDCS).

En France, l’usage de ces techniques est encore limité mais en croissance. Une partie de l’explication peut être due au fait que la stimulation cérébrale non invasive est une méthode relativement nouvelle, et que toutes ses applications potentielles ne sont pas encore pleinement explorées ou comprises.

En ce qui concerne le TDAH, les premiers résultats de recherches sur l’efficacité de la rTMS et de la tDCS sont prometteurs. Par exemple, une étude réalisée par l’Université de Lille en 2019 a montré que la rTMS pourrait réduire les symptômes du TDAH chez certains patients. Cependant, ces études sont encore préliminaires et davantage de recherches sont nécessaires pour confirmer ces résultats et déterminer les protocoles de traitement les plus efficaces.

V. Les défis de la prise de décision

La décision de la meilleure approche de traitement pour le TDAH peut être difficile. Elle dépend de facteurs tels que la gravité des symptômes, l’âge du patient, la présence d’autres problèmes de santé mentale ou physique et les préférences individuelles. Une communication ouverte entre les patients, leurs familles et les professionnels est essentielle pour prendre une décision éclairée.

Conclusion

Comme vous l’avez vu tout au long de cet article, la prise en charge du TDAH est un processus complexe. Celui-ci nécessite une compréhension approfondie et une approche individualisée. Vous avez sans doute réalisé qu’il n’existe pas de solution unique. Une gamme d’options existe pour s’adapter aux besoins spécifiques de votre enfant. Parfois cela demande un tâtonnement au démarrage.

Chaque enfant est unique ! Il est possible de trouver un équilibre avec une combinaison de traitements médicamenteux et/ou non médicamenteux. Des études ont d’ailleurs démontré l’efficacité de cette approche multimodale pour traiter les symptômes du TDAH et améliorer la qualité de vie de votre enfant. Cet équilibre est peut-être aussi possible sans traitements médicamenteux ! Cela dépendra de la sévérité du trouble et de votre vécu au quotidien.

L’annonce du TDAH peut faire l’effet d’un tsunami. Il est possible que vous vous sentiez submergés par ces informations. La prise de décision concernant le traitement de votre enfant n’est peut-être pas simple. Vous n’êtes pas seul(e). Les professionnels de la santé sont là pour évaluer avec vous l’efficacité du traitement et faire les ajustements nécessaires. Tout n’est pas tout noir ou tout blanc …

Ne perdez pas de vue votre objectif : améliorer le bien-être et le bonheur de votre enfant (et peut-être même le votre !). Un pas après l’autre, vous y arriverez. Le TDAH est un défi que vous et votre enfant pouvez surmonter ensemble. Avec la bonne information, le bon soutien et la bonne approche, votre enfant peut non seulement gérer son TDAH, mais aussi s’épanouir. Sentez-vous libre de mettre dans les commentaires les moments difficiles et/ou ce qui vous a aidé dans le traitement de votre enfant !

Ressources

Cet article n’a pas pour vocation de remplacer une consultation médicale. Si vous avez des questions concernant la mise en place ou le réajustement du traitement de votre enfant (ou du votre), rapprochez-vous de votre praticien.

Si cet article vous a plu, sentez-vous libre de le partager :-)

2 réflexions sur “TDAH et traitement : Faut-il à tout prix éviter les « pilules » ?”

  1. Un article intéressant, qui appréhende les différentes options du traitement TDAH. L’accompagnement des enfants et des familles en général reste très inégal je trouve, et il n’est pas toujours simple de tomber sur les bonnes personnes.

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